Rezension über:

Gianni Festa / Marco Rainini (a cura di): L'Ordine dei Predicatori. I Domenicani: storia, figure e istituzioni (1216-2016) (= Quadrante Laterza; 210), Bari / Roma: Editori Laterza 2016, XI + 490 S., ISBN 978-88-581-2596-0, EUR 30,00
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Rezension von:
Sylvie Duval Fichera
Lyon
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Sylvie Duval Fichera: Rezension von: Gianni Festa / Marco Rainini (a cura di): L'Ordine dei Predicatori. I Domenicani: storia, figure e istituzioni (1216-2016), Bari / Roma: Editori Laterza 2016, in: sehepunkte 19 (2019), Nr. 3 [15.03.2019], URL: https://www.sehepunkte.de
/2019/03/29966.html


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Gianni Festa / Marco Rainini (a cura di): L'Ordine dei Predicatori

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Le volume dirigé par Gianni Festa et Marco Rainini est riche de 19 contributions abordant différents aspects et personnes qui ont marqué l'histoire de l'Ordre des Prêcheurs au cours de ses huit siècles d'existence. Les articles sont répartis en trois parties. La première, simplement intitulée Storia, compte trois contributions (G. Barone, G. Zarri, M. Mancini) couvrant respectivement l'histoire de l'Ordre durant le Moyen Âge, la première Epoque moderne (XVe-XVIIe siècle) et la période allant du XVIIIe à la fin du XXe siècle.

La deuxième partie, intitulée Figure, trace différents portraits: celui de saint Dominique, bien sûr (M. Rainini), de Thomas d'Aquin (A. Robiglio), des maîtres rhénans (Eckhart, Suso, Tauler, par G. Barzaghi), de Catherine de Sienne (S. Nocentini), de Savonarole (G. C. Garfagnini), de Bartolomé de Las Casas (F. Cantù), de l'évêque portugais Bartolomeu dos Martires (G. Festa), de trois figures de l'époque contemporaine enfin, M. J. Lataste, G. Cirotti et Pierre Claverie (M. Salvioli).

La troisième partie, intitulée Istituzioni, scritture, pensiero, aborde quelques-unes des thématiques qui ont fait l'identité de l'Ordre, dès sa naissance et au cours des bouleversements qui ont caractérisé son histoire: la prédication bien sûr (par C. Linde), l'étude et les bibliothèques (par L. Cinelli), le rapport à la vie religieuse féminine au Moyen Âge (M. P. Alberzoni), l'implication dans l'Inquisition (R. Parmeggiani), la mystique (A. Bartolomei Romagnoli), les frères écrivains (E. Fumagalli), la théologie à l'époque moderne (F. Arici), les nouvelles approches critiques de l'étude de l'Ecriture au début du XXe siècle (G. L. Potestà).

Cette structure en trois parties permet de relever efficacement le défi d'un livre qui se propose, dans le contexte de la célébration du 800e anniversaire de l'Ordre des Prêcheurs, de retracer une histoire aux multiples facettes, et de résumer une historiographie pléthorique et non exempte de controverses. Les bibliographies, souvent fournies, qui accompagnent les articles, permettront en outre au lecteur d'accéder facilement à des ouvrages plus spécialisés sur chacun des thèmes et des personnages abordés. On regrettera néanmoins l'absence de contributions à ce volume de chercheurs non-italiens, à l'exception de C. Linde. Ce manque d'internationalisation conduit à la mise de côté de certains sujets (l'importance des congrégations féminines au XIXe siècle, la confrontation des Dominicains avec la Réforme puis avec les Révolutions). Par ailleurs, l'oscillation entre la volonté de fournir des contributions accessibles au plus grand nombre et l'exigence de rester dans le champ d'une recherche historique de haut niveau a produit des articles d'inégale qualité, même si la plupart des contributions présentent un très grand intérêt. J'évoquerai à ce propos l'excellent article sur l'Inquisition (sujet périlleux) dans lequel R. Parmeggiani réussit la synthèse entre une exposition claire et étayée des faits historiques et un résumé critique des tendances historiographiques récentes.

Certaines thématiques ressortent de façon inattendue de ce cadre historique général: ainsi le remarquable portrait de Bartolomé de Las Casas (F. Cantù) trouve-t-il un écho dans l'article de F. Arici, qui retrace notamment les apports de l'école théologique de Salamanque. À l'œuvre de prédication pacificatrice de Las Casas répond en effet l'œuvre théorique de Francisco de Vitoria: tous deux ont ainsi défendu la liberté fondamentale et «naturelle» de tout homme, dans le cadre d'une nouvelle Res Publica christiana dont la genèse idéale est une réponse aux cataclysmes provoqué par la découverte du Nouveau Monde. On retrouve ce fascinant fil conducteur dans l'article de G. L. Potestà, lorsqu'au XXe siècle, notamment sous la plume de M. D. Chenu, Las Casas devient un précurseur des droits de l'homme.

Nombreux sont les thèmes qui font de ce livre une contribution indispensable à l'histoire de l'Ordre dominicain. On pourra citer le rapport ambigu mais permanent à la mystique et à l'ascèse, loin d'une vision simplificatrice qui en ferait l'antithèse de l'étude et de la prédication. On retrouve aussi dans de nombreux articles le thème de la réception et de la mise en valeur de l'œuvre admirable, mais parfois encombrante, de saint Thomas, au sein d'un ordre religieux où différents courants de pensée ont su coexister. L'étude demeure en effet, au moins autant que la prédication, au centre de l'histoire de l'Ordre, depuis la constitution d'immenses bibliothèques de référence dans certains couvents, comme à San Marco de Florence, jusqu'à la mise en avant, non sans difficultés, d'une nouvelle méthode d'étude historico-critique de l'Ecriture par Marie-Joseph Lagrange à l'École biblique de Jérusalem au début du XXe siècle. Le pari de réaliser un recueil qui ne se réduise pas à une simple histoire institutionnelle fait ainsi émerger des perspectives d'un grand intérêt et qui, mises côte à côte, offrent un regard stimulant sur l'histoire de l'ordre de saint Dominique.

Sylvie Duval Fichera