Geoffrey C.R. Schmalz: Augustan and Julio-Claudian Athens. A New Epigraphy and Prosopography (= Mnemosyne. Supplements - History and Archeology of Classical Antiquity; Vol. 302), Leiden / Boston: Brill 2009, xvi + 369 S., ISBN 978-90-04-17009-4, EUR 125,00
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Préparant une synthèse sur Athens after Actium: A Cultural Landscape between Hellenism and Rome, 31 B. C.-A. D. 68, vouée à remplacer les ouvrages de P. Graindor, Athènes sous Auguste (1927) et Athènes de Tibère à Trajan (1931), Geoffrey C. R. Schmalz fait ici le point sur les sources épigraphiques, essentielles pour cette période. Depuis les Inscriptiones Graecae de J. Kirchner (1913-1940), de nombreux documents ont été publiés ou complétés, grâce aux fouilles de l'École américaine et du Service archéologique grec, le Supplementum epigraphicum Graecum en enregistrant chaque année l'essentiel. Sans reproduire les textes, sauf pour les amender, G. C. R. Schmalz présente une analyse critique des documents nouveaux datés entre 31 a. C. et 68 p. C. dans un catalogue épigraphique (298 nos), puis une série de notices sur les personnages cités (catalogue prosopographique). L'ordre est celui du corpus dans la première partie, puis l'ordre alphabétique des noms. On a pour chaque texte une liste des éditions, un rappel des interprétations proposées et souvent une nouvelle analyse. Une table des principaux magistrats et prêtres de la période, une bibliographie, des concordances et indices complètent le volume.
L'organisation d'ensemble est claire, on retrouve aisément les inscriptions étudiées. Les limites chronologiques sont d'ordinaire respectées: on pourrait exclure des listes éphébiques de ca 40 a. C., IG II2 1961, 1965, 2463, et la base de statue IG II2 3945, d'époque flavienne au plus tôt. Les dédicaces éphébiques ont été groupées avec les listes; on pourrait y joindre les dédicaces agonistiques d'éphèbes. La base IG II2 3448, signée d'Androboulos, pouvait être classée avec les signatures d'artistes, les inscriptions évoquant une restauration («Varia») avec les «Building inscriptions» et les listes de caractère incertain réparties entre prytanes et démotes. On souhaiterait une distinction entre dédicaces (au datif ou au génitif) et inscriptions honorifiques (à l'accusatif).
On ne peut résumer, pour chaque cas, l'apport personnel de l'auteur. Il a eu le mérite de réunir une bibliographie dispersée et de faire le tri entre les dates et interprétations proposées, parfois en reprenant des hypothèses anciennes ou récentes: il date ainsi, avec S. V. Tracy, l'archonte Polykleitos (IG II2 2870) peu après 31 a. C. et la liste de souscripteurs du Pirée IG II2 2337 sous Auguste avec S. B. Aleshire; il a justement dissocié, avec M. C. Hoff, la dédicace de la porte de l'Agora romaine (IG II2 3175) de la statue de Lucius César (IG II2 3251). Il a bien exploité, pour la prosopographie, des listes de la tribu Léontide jusqu'ici mal datées (IG II2 2462 et 2461), les listes d'hommes mariés ayant offert une théoxénie à Pluton (IG II2 1935 et 2464) et le décret pour le dadouque Thémistoklès (K. Clinton, Eleusis, n0 300). Il tire les conséquences du fait, établi depuis 1997 au moins, que la citoyenneté romaine ne s'est répandue à Athènes qu'au milieu du Ier siècle p. C. pour écarter des prénoms et gentilices romains restitués, ainsi pour l'archonte Théogénès ou le héraut de l'Aréopage Lysiadès. Il a retrouvé à l'Agora romaine une dédicace perdue, IG II2 2877, et revu sur pierre des textes difficiles, comme Hesperia 4 (1935), n0 21 p. 58. Il a sans doute raison de juger l'impératrice Livie assimilée à Hestia Boulaia dans SEG 22, 152 et de dater SEG 28, 164 avant 67 p. C. L'étude des inscriptions honorant des Romains marque un réel progrès par rapport aux chapitres correspondants de P. Graindor: voir e. g. l'intéressant rapprochement entre IG II2 4705 et 4228.
Dans la bibliographie, les lacunes sont rares, sauf pour les ouvrages récents que l'auteur n'a sans doute pas pu consulter. Il omet l'article de M. J. Osborne, «Attic Epitaphs. A Supplement», Ancient Society 19 (1988), 5-60, si bien que tous les renvois «Osborne 1988» semblent concerner R. Osborne. Le volume L'hellénisme d'époque romaine (2004) est connu, mais l'article de D. Peppas Delmousou (121-138) qui aurait enrichi la notice sur Xénoklès et les sitônika n'est pas cité. Pour l'archonte Pamménès, il aurait dû citer le décret de Rhamnonte sur le culte d'Agdistis (n0 179 Petrakos), que les abréviations employées pour l'homonymie père / fils obligent à attribuer au second Pamménès, et la réédition novatrice du tarif de triperie du Pirée par A. Bresson, La cité marchande, Paris-Bordeaux 2000 (151-182). Pour la prêtresse Alexandra des Cholléides, il fallait renvoyer à J. Bousquet, Bulletin de Correspondance hellénique,101 (1977), 451-452 (photographie d'IG II2 3998) et peut-être abaisser la date jusqu'aux Flaviens. Dans le volume Attikai epigraphai édité par A. P. Matthaiou, Athènes 2004, les articles d'A. A. Thémos (253-269) et Ch. B. Kritzas (271-289) auraient complété les notices sur l'archonte Leukios de Rhamnonte junior et le gymnasiarque Apolexis d'Oion. Nous avons aussi récemment fixé la date de quelques archontes du Ier siècle a. C., Revue des études grecques, 118 (2005), 7-14, et lu le nom d'archonte Euklès junior dans IG II2 2294 B (Neronia VII, éditeur Y. Perrin, Bruxelles 2007, 117-125). É. Perrin-Saminadayar, Éducation, culture et société à Athènes, Paris 2007, a suivi le stemma de quelques familles jusque sous Auguste: voir le dadouque Thémistoklès (412), Pamménès de Marathon (422), Kallikratidès et Oinophilos (426), Lysiadès des Bérénikides (429), Épikratès, fils de Kallimachos (430), Mantias et Kléoménès de Marathon (651). Sur les rapports entre Athènes et les empereurs, surtout, il faut citer trois ouvrages récents: F. Lozano, La Religión del Poder, Oxford 2002; K. A. Hendrick,Roman Emperors and Athenian Life, from Augustus to Hadrian, Berkeley 2006; M. Kantiréa, Les Dieux et les Dieux Augustes, Athènes-Paris 2007. Pour Éleusis, enfin, le volume II de K. Clinton, Athènes 2008, est indispensable. L'ouvrage de G. C. R. Schmalz s'insère donc dans un important renouveau de l'intérêt porté à l'Athènes impériale.
Le livre est, dans l'ensemble, bien informé et critique, mais nous hésitons parfois à le suivre. M. Th. Mitsos a publié, avec photographie, les deux fragments recollés IG II2 1965 et 3730 dans Archaiologikè Ephèméris,1970, n0 5 (23); on ne peut donc les dater respectivement de ca 40 a. C. et ca 36/7 (45 et 77). L'argument invoqué pour les séparer (il y aurait un seul gymnasiarque éphèbe par an) est contredit par des documents contemporains, IG II2 1043, 26 (un gymnasiarque pour deux mois), l'inédit Agora I 7545, honorant deux éphèbes gymnasiarques avec leur pédotribe; et les listes plus tardives où les éphèbes sont gymnasiarques pour un an, un ou plusieurs mois, voire quelques jours. Pour Paullus Fabius Maximus (182) il faut exclure IG II2 4130 (EM 9574): un autre nom est restitué, après recollage, par D. Peppas Delmousou. La date de l'archonte Neikostratos ne tient pas compte de l'ordre des prêtrises delphiques (voir Topoi 8. 1 [1998], 250-253). Les archontes Kotys et Mithridate sont peut-être de simples particuliers, non les souverains homonymes. Plusieurs noms d'archontes restitués suscitent le doute, notamment parce que près d'un tiers des archontes de la période est inconnu: ainsi M[énandros] dans IG II2 1713, 32; Aristodèmos dans Agora XV, 392 et IG II2 2307; [Thémisto]klès et [Pamphil]os dans Hesperia 33 (1964), n0 51, 199, compléments suspectés par S. G. Byrne, Roman Citizens of Athens (2003), 107; Phi[lôtas] dans IG II2 2301 -peut-être Phi[li]nos d'après IG III 3882. La présence du nom Hipparchos dans IG II2 3182, sous Néron, est douteuse. L'addition du nom de Tibère dans IG II2 1069, 1, est possible, sans plus: on ne peut, à cause du pluriel Sebastoi agônes, le supposer associé au pouvoir d'Auguste. Nous hésiterions enfin à dater entre 55 et 60 IG II2 3542 + 3548, car l'épimélète de la ville Hermaios de Colone est connu à la fin du siècle (IG II2 3571).
Nous ferions aussi des réserves sur la correction du grec: accents omis ou erronés, confusion de désinences -os/-on/-ou, de lettres de timbres voisins (epsilon/èta dans Apolexis), flexion de hô deina ...: voir par exemple SEG 47, 218 (95), IG II2 4228 (216), 4176 (195); des anthroponymes, toponymes et démotiques sont parfois mal transcrits. L'inscription agonistique IG II2 2328 est datée avec raison sous Auguste, mais on ne peut restituer après ton et deux génitifs singuliers le pluriel é[pônymous]; é[pitaphion], é[pinikion], é[niauton] conviendraient mieux.
Mais ces quelques remarques n'enlèvent rien à l'utilité de l'ouvrage, qui présente une mise au point bien informée et lucide sur les principaux documents épigraphiques du siècle considéré. Il fournit une base documentaire à tous ceux qui s'intéressent à cette période et offre toujours des prises de position stimulantes. Nous espérons que l'auteur achèvera bientôt la synthèse promise, dont le présent ouvrage constitue le fondement.
Simone Follet