Gretchen Reydams-Schils (ed.): Thinking Through Excerpts. Studies on Stobaeus (= Monothéismes et Philosophie), Turnhout: Brepols 2011, 730 S., ISBN 978-2-503-52976-9, EUR 110,00
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M. Laura Gemelli Marciano: Democrito e l'Accademia. Studi sulla trasmissione dell'atomismo antico da Aristotele a Simplicio, Berlin: De Gruyter 2007
Benedikt Strobel: Proklos, Tria opuscula. Textkritisch kommentierte Retroversion der Übersetzung Wilhelms von Moerbeke, Berlin: De Gruyter 2014
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Le volume Thinking Through Excerpts: Studies on Stobaeus édité par Gretchen Reydams-Schils contient les actes du colloque qui s'est tenu à l'Università Cattolica del Sacro Cuore de Milan en mars 2008 autour du thème Deciding Culture: Stobaeus' Collection of Excerpts of Ancient Greek Authors. La publication de ce volume apporte beaucoup à nos connaissances sur Stobée et son œuvre, ainsi que sur plusieurs auteurs qui composent la trame de cette immense récolte du savoir de l'Antiquité tardive réunie par Jean de Stobi au Ve siècle de notre ère à l'intention de son fils Septimius en guise d'outil pédagogique.
On ne conserve pas la version originale de l'Anthologion, mais seulement une rédaction remaniée et parfois abrégé et retravaillée qu'on lit encore dans la vielle édition de Wachsmuth et Hense (en cinq volumes, publiés entre 1844 et 1912). Cette édition reste un monument de la philologie de la fin du XIXe siècle, mais présente plusieurs défauts qui se reflètent sur l'utilisation et l'interprétation des textes qu'elle contient. Une série de recherches sur la méthode de travail de Stobée, sur la transmission de son œuvre (avec une nouvelle enquête sur les manuscrits), ainsi que la mise en chantier d'une édition moderne de l'Anthologion sont encore un desideratum de la recherche philologique. Il y a quelques années Rosa Maria Piccione avait publié plusieurs études innovantes sur le sujet.
Dans ce volume il y a quelques chapitres (Konstan, Searby, Di Lello-Finuoli, Ferreri et Ranocchia) dans lesquels on aborde, parfois avec des résultats novateurs, certaines de ces questions. Mais dans l'ensemble, l'intérêts des collaborateurs est plutôt réservé aux contenus de passages ou aspects spécifiques de l'œuvre de Stobée, et aux auteurs et textes dont il est souvent le seul témoin. Dans tous ces cas, l'édition de Wachsmuth et Hense reste le point de départ.
Ci-dessous, je dresse une liste des articles du volume, accompagnée si nécessaire de quelques mots explicatifs sur leur contenu et de quelques addenda (minimes).
D. Konstan (Excerpting as a Reading Practice, 9-22), discute de la pratique de tirer des extraits commune à toute l'Antiquité (une question que j'ai aussi abordée dans L'Officina dei classici, Roma 2007). D.M. Searby (The Intertitles in Stobaeus: Condensing a Culture, 23-70), se propose d'offrir "a brief background to the question of titles in antiquity" et d'étudier "the headings in Stobaeus to give the reader a general orientation" (24). Ces pages contiennent beaucoup plus, et représentent une contribution substantielle à la compréhension de la méthode de travail de Stobée et à l'histoire de son texte. M. Curnis, Plato Stobaeensis. Citazioni ed estratti platonici nell'Anthologion (71-123). A.L. Di Lello-Finuoli (Il Vaticano greco 954 e il restauro del Florilegio di Stobeo, 125-142), reprend et élargit ses recherches sur la tradition 'Trincavelliana' dans l'histoire du texte de Stobée (à la p. 127 n. 12, il faut ajouter que l'identification de la main de Jean Catrarès dans le Vindobonensis phil. gr. 67 de Stobée avait déjà été proposée par D. Bianconi, Tessalonica nell'età dei Paleologi, Paris 2005, 40-49, 149 et tav. 2). J.-B. Gourinat (Aëtius et Arius Didyme sources de Stobée, 143-201) reprend la difficile question de l'identité d'Aëtius et d'Arius Didyme à travers une discussion des hypothèses de Diels et de Mansfeld et Runia (à partir des objections de Bremmer et de M. Frede). Le débat n'est pas clos comme le montre la publication de la deuxième partie des Aëtiana de Mansfeld et Runia dont Gourinat n'a pu tenir compte que d'une manière sommaire (145 n. 17). E. Gritti, Dossografia sulla percezione nell'Anthologium di Giovanni Stobeo (203-246: discussion du long chapitre de l'Anthologion 1, 50). Le but de S. Mouraviev (Stobée, citateur d'Héraclite, 247-266) est "de comprendre autant que possible l'origine de l'information qu'il (= Stobée) nous fournit sur Héraclite et la façon dont il l'a traité" (247). L. Ferreri (Le citazioni di Teognide in Stobeo e il problema della formazione della silloge teognidea, 267-338) apporte une contribution convaincante à la questio Theognidea à travers une analyse de tous les passages du Corpus Theognideum transmis par Stobée. G. Ranocchia (Aristone di Chio in Stobeo e nella letteratura gnomologica, 339-386) reprend entre autres, avec de nouveaux arguments la question assez délicate et complexe de l'identification du mystérieux Aristonyme (auteur de tomaria, petits livres) avec le philosophe stoïcien Ariston de Chios. Moins convaincant m'apparaît l'effort d'attribuer au même philosophe les Chries et les Koinai diatribai, qui dans les pages de Stobée sont citées de manière invraisemblable (pour des raisons d'ordre chronologique) sous le nom d'Aristote. P.P. Fuentes González (Cyniques et autres 'philosophes populaires' chez Stobée, 387-439) donne un aperçu détaillé des témoignages et des fragments des philosophes cyniques dans l'Anthologion et aborde aussi la question de la vision que Stobée avait du cynisme. M. Bonazzi (Il platonismo nel secondo libro dell'Anthologium di Stobeo: il problema di Eudoro, 441-456) nie avec des arguments substantiels l'hypothèse qu'Eudore d'Alexandrie - auquel on a attribué, à tort, la doxographie A (selon la classification de Hahm) de la section éthique du livre II de l'Anthologion - aurait eu une influence substantielle aussi sur les doxographies B (stoïcienne) et C (péripatéticienne) de la même section. Cette section a aussi attiré l'attention de S. Van der Meeren, Sens et fonction du 'discours éthique' chez Stobée: du livre II, chapitre 7, à une lecture d'ensemble de l'Anthologie (457-509), d'E. Vimercati, Stobeo sul saggio stoico (577-614) et (à propos d'une question particulière) de S. Aubert, Réflexions sur une 'mêtis'' stoïcienne à travers les témoignages de Stobée (511-535). I. Ramelli (Ierocle neostoico in Stobeo: i 'kathekonta' e l'evoluzione dell'etica stoica, 537-575) analyse les textes du philosophe stoïcien de l'époque impériale Hiéroclès conservés par Stobée en tenant compte aussi des éléments d'éthique transmis par un papyrus de Berlin (P.Berol. 9780v) et consacrés à la doctrine de la 'oikeiôsis'. Enfin, J. Giovacchini (Techniques de discours et techniques de vérité chez Stobée: remarques sur le 'Peri Parrhèsias' (III 13), 615-631), présente une lecture approfondie du chapitre 13 du livre III de l'Anthologion consacré à la parrhèsia.
Le volume est agrémenté d'une Bibliographie (633-685), de 'Notes on Contributors' (687-690) et d'un Index locorum (691-730).
"Much work remains to be done on the nature of a collection of excerpts such as the one of Stobaeus" écrit Reydams-Schils dans sa préface (7). La publication de Thinking through Excerpts apporte vraiment beaucoup à ce sujet, mais le travail à accomplir reste encore important et cela car, en dépit de la qualité des études réunies, on a l'impression que dans ce volume on s'intéresse à Stobée moins pour lui-même que pour les auteurs qu'il cite. Ceci dit, on doit montrer une grande reconnaissance à Reydams-Schils pour la publication de ce recueil riche en nouveautés sur Stobée et la tradition gnomologique.
Tiziano Dorandi