Rezension über:

Laura Gawlinski: The Sacred Law of Andania. A New Text with Commentary (= Sozomena. Studies in the Recovery of Ancient Texts; Vol. 11), Berlin: De Gruyter 2012, XI + 285 S., mit 23 s/w-Abb., ISBN 978-3-11-026757-0, EUR 106,95
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Rezension von:
Nadine Deshours
Université Lille III-Charles de Gaulle
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Nadine Deshours: Rezension von: Laura Gawlinski: The Sacred Law of Andania. A New Text with Commentary, Berlin: De Gruyter 2012, in: sehepunkte 12 (2012), Nr. 9 [15.09.2012], URL: https://www.sehepunkte.de
/2012/09/21150.html


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Laura Gawlinski: The Sacred Law of Andania

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Laura Gawlinski publie un commentaire perpétuel du Règlement des Mystères d'Andania (IG V.1, 1390) précédé d'une brève introduction. Le livre procède d'une dissertation soutenue en 2006 sous la direction de K. Clinton à Cornell University. Ses interprétations recoupent en grande partie celles de ma propre étude parue en 2006 (Les Mystères d'Andania. Étude d'épigraphie d'histoire religieuse, Scripta Antiqua 16, Ausonius). Ce texte est célèbre pour être l'un des règlements cultuels grecs les plus longs et pour présenter un inventaire de la plupart des thèmes traités dans ce type de document; il est aussi l'un des monuments épigraphiques de Messène, l'un des sites les plus riches et les plus prometteurs de Grèce continentale.

Il pose cependant encore des problèmes d'interprétation: à quelle occasion a-t-il été gravé? Quelle est sa date? Quel est le rapport avec les Mystères d'Andania dont parle Pausanias dans son livre sur la Messénie? Quelle est la cohérence du Götterkreis honoré au Carneiasion d'Andania?

Le titre du livre de Laura Gawlinski parle de loi sacrée alors que le texte lui-même se nomme diagramma (l.5, 25 etc.) - mot qui est resté en grec dans la traduction. Puisque l'expression hiéros nomos est attestée (cf. R. Parker 2004, 66-67 [1]), autant préférer règlement (regulation) à loi sacrée (sacred law).

Gawlinski ne tranche pas sur la date du texte (3-11), mais semble peu encline à accepter celle qu'a récemment proposée P.G. Thémélis et considère dans son commentaire que la datation traditionnelle est la bonne. Les références à des textes contemporains qui présentent des parallèles très précis renforcent cette idée: LSS 14 (règlement pour les fêtes d'Apollon à Athènes), LSG 83 (pour l'oracle d'Apollon à Coropè). De fait, l'hypothèse de P.G. Thémélis semble devoir être écartée pour des raisons multiples, dont la principale reste la manière dont la date est exprimée: comme A. Makrès l'a souligné, [2] l'inscription de la date en toutes lettres semble être typique à Messène de l'ère achaienne, l'ère d'Actium étant associée à des dates exprimées en lettres représentant un nombre (voir mon article sur cette question à paraître prochainement dans les Mélanges Laronde [éd. Chr. Chandezon, J.-Chr. Couvenhes, Fr. Lefèvre]).

L'auteur est d'avis que le Règlement ne marque pas la création des Mystères et qu'il a pour principal objectif de fixer le rôle des hiéroi (même si leur collège n'était pas nouveau; cf. SEG 52.412). Elle pense, en outre, que Mnasistratos qui était un riche évergète est toujours hiérophante après la réforme (15). Ce dernier point est discutable car si l'oracle d'Argos concernant les Mystères (Syll.3 735,
l. 22) lui donne ce titre, son nom apparaît toujours seul dans le Règlement et il n'exerce aucune fonction proprement religieuse dans les rites qui sont décrits. Si l'on énumère toutes les prérogatives des hiéroi, des commissions ad hoc, des prêtres et prêtresses (24-27), la fonction de hiérophante semble vide.

L'édition du texte est très scrupuleuse avec une description détaillée de la manière dont se présente la pierre, remployée dans le porche de l'église de l'actuel Kônstandini. Toutefois le lemme présente par erreur ma propre édition comme dépendant de celle de Sokolowski alors qu'elle résulte de l'étude de la pierre. L'ouvrage contient aussi de nombreuses photos, malheureusement leur qualité les rend souvent peu démonstratives.

La traduction est généralement précise, mais les restitutions y sont parfois signalées, parfois non (par exemple "oath" à la ligne 1); les mots sous entendus dans le règlement ne sont pas repérables non plus (ainsi "the priestess of Demeter in Aigila", l. 31). On peut noter quelques points discutables dans la traduction: stephanôn (l. 13) ne signifie pas "couronnes" mais "coiffures", comme le montre le contenu du paragraphe, puisque le mot désigne aussi bien des couronnes de laurier que des tiares. La représentation théâtrale ne se borne pas forcément à celle des déesses, puisque les Mystères s'adressent à un groupe comprenant des dieux et des déesses (l. 24). Technitai est traduit par "artists" (81), par "artisans" (176) (il ne s'agit pas comme dans IG V.1, 1443 de la catégorie sociale des artisans, mais des technites comme l'indique le contexte).

Le commentaire suit l'ordre du texte et examine donc notamment avec beaucoup de soin les serments (98-103), la réglementation de l'habillement des participantes (107-133), la procession (134-142), le campement, (143-149), le financement de la fête (153-164), la fourniture des victimes (164-176), les délits (180-184), l'asylie pour les esclaves (187-194), le banquet (205-214), les bains (219-226).

Les Mystères d'Andania sont un culte civique de Messène - avec les conséquences que cela implique: ils ne supposent pas la participation du corps civique en totalité à l'exclusion des autres groupes de la population (précisément parce que l'initiation qu'ils comportent ne peut résulter que d'un choix personnel). En revanche, ils sont un culte civique au sens où la polis les finance (en l'occurrence elle a payé des restaurations dans le sanctuaire, mais s'attend désormais à ce que les Mystères s'auto-financent, voire lui rapportent de l'argent), les organise et finalement contrôle leur régularité financière. Il n'y a donc pas par exemple de doute sur l'origine du grammateus tôn sunédrôn (102): il ne peut être qu'un magistrat de Messène puisque Andania n'est pas une cité, mais une kômè de Messène. De même, s'agissant d'un culte civique, la distinction entre serment religieux et serment politique paraît peu opératoire (101).

La limite du commentaire suivi réside dans l'absence de synthèse sur l'histoire et sur la signification du culte (une conclusion aurait été bienvenue). Or, les Mystères d'Andania ne sont mentionnés que dans deux sources anciennes (en tout et pour tout): le fameux diagramma qui fait l'objet de l'étude et le livre 4 de Pausanias dans lequel ce culte sert de fil rouge à l'histoire de la Messénie depuis la fondation supposée de l'État et des Mystères par l'héroïne éponyme Messènè jusqu'à la fondation de Messène en 370/369, en passant par les vicissitudes des supposées "Première" et "Deuxième" guerre de Messénie. Chaque événement de la pseudo-histoire messénienne se reflète dans l'histoire supposée du culte. Il est vrai que la confrontation de ces deux sources offre des difficultés, mais elle permet aussi de donner une interprétation qui, au vu du seul Règlement des Mystères, serait hasardeuse.

La Quellenforschung a montré depuis longtemps que la version donnée par Pausanias de la pseudo-histoire messénienne repose sur deux auteurs de la haute époque hellénistique: Myron de Priène et Rhianos de Bène (actifs au début du IIIe s. a.C.). Le tissage entre la "grande histoire" des Messéniens et l'histoire des Mystères est trop intime pour que la vision de Mystères d'Andania comme consubstantiels à la Messénie ne remonte pas à Myron et Rhianos, c'est-à-dire deux siècles avant le Règlement (cf. Deshours 2006, 167-210).

En revanche, le commentaire suivi présente des avantages pratiques indéniables car il est facile d'y trouver une explication sur un point précis. Ce texte est, en effet, souvent cité ou commenté par des savants qui n'en appréhendent pas la totalité, ce qui est dommageable même pour le sens des détails.


Notes:

[1] R. Parker: "What are Sacred Laws?" In: E.M. Haris - L. Rubinstein (ed.): The Law and the Courts in Ancient Greece, Londres, 2004, 57-70.

[2] A. Makrès: "Unpublished ephebic List in the Benakeion Museum of Kalamata", in L. Mitchell et L. Rubinstein (éds.): Greek History and Epigraphy Essais in honor of P. J. Rhodes, Swansea, 2009, 185-200 (187).

Nadine Deshours