Rezension über:

Giacomo da Viterbo: Sermones. I cinque sermoni su san Luigi re, «quasi ymago Dei in terris». Edizione critica e traduzione a cura di Gianpiero Tavolaro (= Per Verba. Testi mediolatini con traduzione; 36), Firenze: SISMEL. Edizioni del Galluzzo 2021, XCII + 104 S., ISBN 978-88-9290-075-2, EUR 38,00
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Rezension von:
Franco Morenzoni
Universität Genf
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Franco Morenzoni: Rezension von: Giacomo da Viterbo: Sermones. I cinque sermoni su san Luigi re, «quasi ymago Dei in terris». Edizione critica e traduzione a cura di Gianpiero Tavolaro, Firenze: SISMEL. Edizioni del Galluzzo 2021, in: sehepunkte 22 (2022), Nr. 2 [15.02.2022], URL: https://www.sehepunkte.de
/2022/02/36330.html


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Giacomo da Viterbo: Sermones. I cinque sermoni su san Luigi re, «quasi ymago Dei in terris»

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Né peu après le milieu du XIIIe siècle et décédé en 1307, Jacques de Viterbe est entré dans l'ordre des Ermites de Saint Augustin encore très jeune. Après s'être formé à Viterbe et à Paris, il a été le successeur de Gilles de Rome au studium des augustins parisiens puis, rentré en Italie, a été nommé en 1302 par Boniface VIII archevêque de Bénévent et, peu après, de Naples. Son œuvre la plus connue est certainement le De regimine christiano, dans laquelle il développe une réflexion théologique et politique au sujet des relations entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel.

Les implications politiques des sermons de l'augustin ont déjà été relevées par Jean-Paul Boyer et Gianpiero Tavolaro a déjà offert, en 2014, l'édition de deux prêches composés en 1303 et 1305 [1]. Dans cet ouvrage, il propose l'étude (VII-LXXXI), l'édition et la traduction en italien (1-104) de cinq autres sermons donnés entre 1303 et 1307 pour la fête de saint Louis, le frère de Charles I d'Anjou, canonisé en 1297.

L'analyse minutieuse de chaque sermon - dont la structure et le contenu théologico-politique sont présentés en détail - permet à l'auteur de mettre en évidence comment Jacques de Viterbe insiste en filigrane sur l'idée que le pouvoir temporel est inexorablement subordonné au pouvoir spirituel, sans jamais cependant critiquer ouvertement le premier. Le portrait de saint Louis que brosse le prédicateur permet par ailleurs de souligner les nombreuses qualités du capétien - religieuses, humaines et politiques -, dont plusieurs font écho à celles présentes dans la tradition hagiographique et liturgique étudiée par Cecilia Gaposchkin [2]. Le propos principal de l'augustin ne paraît cependant pas avoir été celui de magnifier la sainteté de Louis IX, mais plutôt de décrire, dans un cadre non académique et attentif aux réalités politiques du royaume des Angevins, la figure idéale du roi chrétien qui doit, sur le plan temporel, être capable de guider son peuple vers la felicitas et, sur le plan spirituel, avoir toujours à l'esprit la loi divine, dont dépend la justice de chaque loi humaine. Il en résulte, selon Jacques de Viterbe, la nécessité absolue pour le roi d'obéir à Dieu et par conséquent à l'Église et à celui qui au nom de celle-ci exerce légitimement le pouvoir.

Dans ses sermons, le prédicateur reste donc globalement fidèle à ce que le maître avait enseigné à Paris et à Naples, sous une forme et avec des mots cependant en partie différents. Comme le remarque l'auteur à la fin de son introduction, Jacques de Viterbe, lié aussi bien au pape qu'aux Angevins, évite donc dans ses sermons d'aborder frontalement l'épineux problème des deux pouvoirs et de leurs rapports, tout en cherchant à montrer que les vertus requises au souverain juste et présentes dans celui qui a accédé à la sainteté, peuvent faire de lui « un vrai ministre de Dieu, c'est-à-dire presque une image de Dieu sur terre » (LXXII).

Les cinq sermons jusqu'ici inédits ont sans doute connu une diffusion très limitée, puisqu'ils ont été transmis par un seul manuscrit, autographe, que l'auteur décrit avec précision et qui était très probablement un manuscrit de travail, comme le donnent à penser les nombreuses interventions sur le texte qui semblent pour la plupart avoir été effectuées au moment même de la composition des sermons. Il s'agit du manuscrit Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Arch. Cap. S. Pietro, D 213. L'édition et la traduction sont indiscutablement de très bonne qualité, le travail d'identification des citations explicites et implicites ayant été effectué dans la très grande majorité des cas avec beaucoup de soin, même si une citation du Livre de la Sagesse (VI, 24) n'a pas été relevée : « Multitudo sapientum sanitas est orbis terrarum » (8). On peut également se demander s'il est pertinent de qualifier de sermon, comme le fait l'auteur, le premier texte. Celui-ci se termine par une captatio benevolentiae dans laquelle le prédicateur, de manière rhétorique, souligne ses propres insuffisances et demande l'aide de Dieu, suivie par un appel à la prière (6), ce qui suggère qu'on est plutôt en présence d'une prothème, assez long, et non d'un sermon proprement dit.

Cela dit, l'ouvrage de Gianpiero Tavolaro constitue une contribution très intéressante non seulement à la connaissance des réflexions de nature théologico-politique de Jacques de Viterbe, mais également des adaptations en quelque sorte indispensables lorsque celles-ci sont censées être transmises par un sermon dans un contexte historique précis.


Notes:

[1] J.-P. Boyer: Prédication et État napolitain dans la première moitié du XIVe siècle. L'État angevin. Pouvoir, culture et société entre XIIIe et XIVe siècles, Rome 1998, 127-157; G. Tavolaro : «Opus nature est opus Dei». Potestas regalis et potestas sacerdotalis nella riflessione di Giacomo da Viterbo, in: Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge 81 (2014), 39-98.

[2] M. C. Gaposchkin: The Making of Saint Louis: Kingship, Sanctity, and Crusade in the Later Middle Ages, Ithaca, N.Y., London 2008.

Franco Morenzoni