Rezension über:

Eckart Schütrumpf (ed.): Heraclides of Pontus. Texts and Translation (= Rutgers University Studies in Classical Humanities; Vol. XIV), New Brunswick / London: Transaction Publishers 2008, ix + 299 S., ISBN 978-1-4128-0721-0, GBP 52,71
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Rezension von:
Tiziano Dorandi
Centre J. Pépin, Centre National de la Recherche Scientifique, Villejuif
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Tiziano Dorandi: Rezension von: Eckart Schütrumpf (ed.): Heraclides of Pontus. Texts and Translation, New Brunswick / London: Transaction Publishers 2008, in: sehepunkte 9 (2009), Nr. 1 [15.01.2009], URL: https://www.sehepunkte.de
/2009/01/14044.html


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Eckart Schütrumpf (ed.): Heraclides of Pontus

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Le volume XIV des Rutgers University Studies in Classical Humanities contient la nouvelle édition des fragments du philosophe Héraclide le Pontique (IVe/IIIe s. av. J.-C.). Cette édition s'ajoute à celles des fragments de Démétrios du Phalère, Lycon de Troas, Hiéronyme de Rhodes et Ariston de Céos, publiées dans la même série.

En éditant les fragments d'Héraclide le Pontique parmi ceux des philosophes péripatéticiens, Schütrumpf montre être de l'opinion que ce dernier appartient à l'école d'Aristote et non à l'Académie de Platon. Le même choix avait été fait par F. Wehrli, qui avait publié les fragments de ce philosophe dans le septième fascicule de sa célèbre collection intitulée "Die Schule des Aristoteles" (Basel/Stuttgart 2. Aufl. 1969). Il n'entre pas dans mes intentions de revenir sur cette question controversée et je me limiterai à renvoyer aux articles dont la publication est imminente dans le volume XV des Rutgers University Studies in Classical Humanities, qui forme le deuxième volet consacré à Héraclide.

Le recueil de Schütrumpf remplace désormais celui de Wehrli. Les fragments y sont publiés à partir d'éditions plus modernes; plusieurs nouveaux textes ont été ajoutés, d'autres pas, avec de bons arguments; les fragments y sont disposés selon une organisation différente du matériel et accompagnés d'une traduction anglaise, la première complète dans une langue moderne. La traduction a été réalisée par P. Stork, J. van Ophuijsen et S. Prince. L'édition de Wehrli reste néanmoins toujours utile, en particulier, pour les pages du commentaire.

Le volume est introduit par quelques pages (3-5) qui contiennent des détails sur la biographie d'Héraclide, une discussion des critères d'édition ainsi que des problèmes concernant l'authenticité des œuvres d'Héraclide et de leurs titres, dont il ne nous reste que des fragments assez limités. "The present collection of sources [...] differs from that produced by Fritz Wehrli [...] in that several texts included by Wehrli are not accepted here [...], while others included here cannot be found in Wehrli. The present edition differs from Wehrli in two more respects. First, Wehrli printed most of the fragments under a title found either in the text itself, or if the source did not identify the work it belonged to, Wehrli, as his predecessor O. Voss (1896) had done, assigned it to a known work on the basis of speculations about its content. [...] The present edition prefers to present fragments belonging to a common theme under a heading which announces this theme. This heading is then followed by a list of those works which deal with that particular issue. And second, while Wehrli broke up continous texts and treated small portions of them as different fragments under different headings, in this edition, the original texts are preserved in their entirety" (4). Le deuxième cas est bien représenté par la vie d'Héraclide de Diogène Laërce 5, 86-94, qui avait été coupée en plusieurs morceaux par Wehrli et est éditée, opportunément, dans son intégralité par S. (fr. 1).

Une liste des abréviations et des éditions des auteurs d'où sont tirés les fragments, ainsi qu'un Conspectus siglorum suivent (6-22).

Suivant la tradition inaugurée par l'édition des fragments de Théophraste et des autres péripatéticiens publiés jusqu'ici, Schütrumpf ne parle pas de "fragments", mais de "sources", d'où le titre donné au recueil: "Heraclides Ponticus. The Sources, Text and Traslation".

L'édition et la traduction des fragments occupent le reste du volume (23-267). La première partie contient, après la Vie de Diogène Laërce (fr. 1), les fragments biographiques (fr. 2-16). Le fr. 17 présente une liste complète des références aux œuvres d'Héraclide qui sont citées par leur titre (et cela en tenant compte, en particulier, du catalogue conservé par Diogène Laërce). Les fr. 18-21 réunissent des passages qui se rapportent en général aux écrits d'Héraclide. La section des fragments de 22 à 145 comprends les textes attribués à Héraclide et qui se référent à des aspects particuliers de son activité philosophique. Ils sont arrangés en suivant la subdivision des livres d'Héraclide (ouvrages d'éthique, de physique, de grammaire, de musique, de rhétorique et d'histoire) qu'on répère dans le catalogue de Diogène Laërce (fr. 1). Sous l'appellation de fr. 146-155, sont recueillis certains textes dont l'attribution à Héraclide demeure douteuse. Une section consacrée au "reiecta" (les fragments qui n'ont pas été retenus) suit. Tous les textes sont largement annotés, ce qui apporte une aide considérable à leur lecture.

Parmi les fragments pour lesquels l'établissement du texte à beaucoup progressé par rapport à l'édition de Wehrli, je ne signalerai que la Vie de Diogène Laërce (fr. 1), les deux fragments sur les théories musicales d'Héraclide ainsi que ceux sur ses idées esthétiques (ces derniers omis par Wehrli), tirés respectivement du De musica et du De poematis de Philodème de Gadara (fr. 115AB et 116AB).

Dans l'ensemble, je partage les conclusions de Schütrumpf dans le choix des fragments et dans leur attribution à Hèraclide. Il y a cependant un cas où j'aurais décidé différemment (je rends compte de mes raisons dans l'article consacré à la tradition papyrologique d'Héraclide à paraître dans le volume XV des Rutgers University Studies in Classical Humanities). Il s'agit du fr. 155, dernier texte de la section des "Incerta": des restes importants d'un dialogue sur le pouvoir politique transmis par deux papyrus de la collection d'Oxyrhynchos (POxy. 664+3544). Ces restes ont été, à plusieurs reprises, attribués au 'Perì archês' d'Héraclide. Selon Schütrumpf "It appears to be impossible to resolve the question, whether Heraclides Ponticus is the author of the dialogue" (267). Pour une fois, je serai plus audacieux et me rangerai parmi les défenseurs de la paternité d'Héraclide. Cela ne veut pas dire que j'ai raison.

Le volume est agrémenté de concordances (Wehrli - Schütrumpf et Schütrumpf - Wehrli: 268-273) et de trois index: un index des sources (274-283), un des auteurs, papyrus et textes anonymes, classés en ordre alphabétique (284-287), et un des noms et des lieux (288-299).

Il faut, en conclusion, remercier Schütrumpf d'avoir réédité les fragments d'Héraclide accompagnés d'une traduction et de notes. Cette édition, et le volume d'études qui va l'accompagner, ne manqueront de relancer le débat sur ce personnage fascinant et problématique qu'est Héraclide le Pontique. Schütrumpf a mis à notre disposition les données nécessaires pour progresser dans la compréhension de ce que l'on conserve de son œuvre et de sa pensée.

On peut enfin annoncer que la prochaine édition dans la série des fragments des philosophes péripatéticiens sera celle des restes de Straton de Lampsaque, réalisée par R. W. Sharples.

Tiziano Dorandi